L’homme en pantoufles - Partie I
Par Astro-chirologue Guylaine Vallée
Extrait de Du bonheur plein les mains : Les joyeuses aventures d’une chirologue professionnelle
Le matin de mon rendez-vous, je me suis réveillée plus impatiente et plus enthousiaste que je l’avais été depuis des mois.
Serait-ce le jour où je découvrirais enfin ce que je cherchais?
J’ai revêtu mes vêtements parisiens les plus colorés, y compris un pantalon en cuir bleu électrique qui allait si bien avec ma coupe garçonne décolorée. Le tout était couronné par un sac transparent avec un énorme poisson en plastique à l’intérieur : une pièce unique de Paris!
Le Centre de Chirologie était dans le quartier Westmount de Montréal et, pendant le long trajet en autobus de la ligne 24, j’ai songé à des questions à poser au chirologue, questions que j’ai immédiatement oubliées quand je suis arrivée au 351, avenue Victoria et que j’ai vu l’enseigne : Centre de Hast Jyotish Birla.
Lorsque j’ai ouvert la porte, un doux carillon de chants d’oiseaux m’a accueillie puis accompagnée à la réception en haut de l’escalier, qui embaumait l’arôme apaisant de l’encens. C’était comme si je venais de monter au ciel.
Une femme aux longs cheveux noirs, nommée Lydia, est venue me chercher et m’a conduite à un évier. À l’aide d’un petit rouleau en caoutchouc, elle m’a recouvert les mains d’encre noire. Elle a ensuite appuyé chacune de mes mains sur une feuille de papier blanc. Et soudain elles sont apparues : mes empreintes! Comment pouvais-je savoir que je découvrais mes deux nouvelles meilleures amies? Des amies qui détenaient les secrets de mon passé, recelaient la voie de mon avenir et renfermaient la clé permettant d’accéder aux deux. La première fois que j’ai vu mes empreintes, j’ai trouvé mes doigts tordus et mes mains énormes. Je me sentais un peu vulnérable, sachant que mes mains—et tout ce qu’elles pourraient révéler sur moi—seraient bientôt scrutées par les yeux d’un expert.
Ça y est, c’est le moment de vérité.
J’ai nettoyé mes mains et je me suis assise pour attendre ma consultation. Quelques minutes plus tard, Ghanshyam est entré dans la pièce. J’ai été frappée par son air digne dans son costume beige de style Nehru et… ses pantoufles! J’étais étonnée que quelqu’un puisse se sentir suffisamment à l’aise pour porter des pantoufles au travail. Il avait une fine moustache noire et des yeux bruns et pénétrants qui se sont mis à briller comme des bougies d’anniversaire tandis qu’il m’enveloppait d’un sourire chaleureux.
Mon Dieu! Il est encore plus beau qu’avant, pensais-je, secouée par une puissante vague de déjà-vu. Guylaine, ne sois pas stupide! C’est la première fois que tu le rencontres!
« Bonjour, bonjour, je suis tellement heureux de vous rencontrer! », a déclaré Ghanshyam avec son accent aux rythmes de l’Inde. Il a pris mes mains dans les siennes et les a serrées avec une affection tellement authentique, que j’avais l’impression de retrouver un vieil ami. Il rayonnait d’une gentillesse et d’une bonté sans égales qui m’ont immédiatement mise à l’aise.
« Ma chère, venez avec moi, s’il vous plaît. »
Je l’ai suivi dans son bureau, où se dressait une armoire remplie de livres sur la chirologie et l’astrologie; beaucoup d’entre eux, qui semblaient avoir été lus et relus, affichaient des titres dans des langues que je ne reconnaissais pas. Le grand portrait d’un homme indien en tunique orange dominait le bureau de Ghanshyam. Le visage de l’homme était serein et ses yeux étaient mi-clos, comme en transe. Ses bras levés, paumes ouvertes, semblaient me bénir au moment où je me suis assise.
Comme Ghanshyam ne parlait pas français et que mon anglais se limitait à : « How are you today? », une interprète s’est jointe à nous pour la consultation. Elle m’a informée que Ghanshyam pratiquait la chirologie védique, forme de chirologie indienne traditionnelle qui vient des anciens textes sacrés hindous appelés les Védas.
Ghanshyam a placé mes empreintes sur le bureau, à côté de mon thème astrologique qu’il avait préparé avant mon arrivée. J’ignorais que l’astrologie était liée à la chirologie, mais j’ai appris que ce sont des sciences jumelles et que Hast Jyotish est une expression combinant deux mots sanskrits : Hast, qui signifie main, et Jyotish, qui signifie lumière. Donc Hast Jyotish décrit la lumière de nos planètes qui se reflète dans nos mains.
Après avoir étudié mon thème et gribouillé toutes sortes de notes et de signes sur mes empreintes, en utilisant différentes couleurs, Ghanshyam a levé le regard vers moi; ses yeux bruns brillaient d’une telle intensité que je sentais qu’ils plongeaient dans mon âme.
« Alors, on commence? » Il avait le ton d’un médecin compatissant qui vient d’examiner les radiographies d’un patient et doit annoncer à la fois les bonnes et les mauvaises nouvelles.
« Vous êtes à la recherche de Dieu et cette quête dure déjà depuis longtemps, a-t-il déclaré, mais vous n’avez pas encore fait de lien spirituel. Vous êtes malheureuse parce que vous êtes coincée et vous ne savez pas où aller, ce qui fait que vous vous sentez perdue et seule. Vous n’arrivez pas à décider quoi faire, et votre vie n’a pas de sens ni d’objectif. Êtes-vous d’accord avec ce que je dis? »
J’étais trop sidérée pour parler. Il savait exactement ce que je ressentais depuis dix ans, comme s’il m’avait connue toute ma vie. J’ai hoché la tête.
Il s’est ensuite concentré sur mes empreintes et a commencé à pointer son stylo sur différentes lignes . . .
Partie II : À suivre le mois prochain.
AUTEURE
Guylaine Vallée est l’auteure de Du bonheur plein les mains : les joyeuses aventures d’une chirologue professionnelle, écrit en collaboration avec Steve Erwin, journaliste primé et auteur du livre à succès du New York Times Left to Tell.
Guylaine est le coach des Programmes Défis de 90 jours.
Et ne manquez pas les webisodes de Guylaine le mercredi sur notre page Facebook.
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